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Mentor

Spécialiste du Lâcher-Prise et du détachement

 

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Deuil périnatal : qu'estc-ce qui le différencie des autres deuils

Le processus

Le 15 octobre, chaque année depuis 2003, se tient la journée mondiale de la sensibilisation au deuil périnatal. Comme mentionné, la journée est une journée de SENSIBILISATION. Pourquoi sensibiliser les gens au deuil périnatal ? Parce que c’est un deuil différent de tous les autres deuils et trop souvent esquivé par l’entourage. Je ne juge pas, bien au contraire, je crois que la plupart du temps c’est simplement par manque de connaissance de ce qu’est le deuil périnatal. D’où l’importance d’en parler. 

Vivre en paix avec ce deuil

Il y a deux processus de deuil. Le premier est celui dont j’ai parlé plus haut et qui se fait tout seul avec le temps. La peine reste, mais elle est moins présente… on dit « Elle en a fait son deuil ». 
 

C’est comme dire que j'abdique. Mais je demeure impuissante. 

Et, il y a le deuxième processus, qui lui est un processus conscient. Il vient du choix de ne plus en souffrir et de lâcher prise. Et ce processus me ramène aux étapes du deuil de Jean Monbourquette

*    La quête d’un sens.
*    L’échange des pardons.
*    Le « laisser partir ».
*    L’héritage spirituel.

Trouver ce que cette expérience nous a amenée dans notre parcours de vie pour libérer cette âme de passage et en accepter l’héritage. C’est ce processus que j’ai entrepris plus de 20 ans après l’événement. Ce processus peut commencer par exprimer ce qui reste à exprimer et ensuite utiliser les outils disponibles pour rétablir le courant énergétique dans le corps dans le but de libérer les mémoires douloureuses. Dans mon cas, j’ai dû accepter et me pardonner d’avoir fait comme si rien n’avait existé. Et à l’aide de la technique du bonhomme allumette et de l’EFT j’ai pu finaliser mon deuil, ce qui m’a amené à la gratitude puisque c’est cet événement dans ma vie 
qui m’a amené à ce parcours de vie dont je ne changerais rien.  
 
Chaque fois que je pense à cette âme qui est passée dans ma vie ou plutôt dans mon ventre en 1992, je lui dis MERCI avec beaucoup de gratitude. Donc oui, je vous affirme que trainer cette souffrance toute une vie n’est pas nécessaire. On n’oublie pas, on n’oubliera jamais, mais la souffrance n’est plus nécessaire. 

Pour le processus conscient, je vous conseille d’être bien accompagné puisque des souvenirs douloureux peuvent, et vont, survenir. 

Je suis de tout cœur avec les parents qui vivent, ou ont vécu une expérience de deuil périnatal. 

En ce dimanche 15 octobre, passons le message pour sensibiliser à l’importance de ce deuil si différent des autres. 
 

Je l’ai « heureusement » expérimenté en 1992. Moi qui suis si solide, si forte… je l’ai pourtant pleuré et souffert pendant 20 ans. 20 ans, est le temps que j’ai eu « à faire » avant de savoir que je n’avais pas à trainer cette souffrance plus longtemps. J’ai envie, par ce texte, d’apporter de l’espoir aux parents qui souffrent de ce deuil, et d’expliquer aux autres ce qui fait de ce deuil, un deuil si particulier. 

Vivre des deuils est un processus normal dans une vie, mais le deuil périnatal se distingue en certains points importants. Et pourquoi cela ? Parce que certaines étapes ne peuvent simplement pas être vécues pleinement, ce qui maintient un trou au cœur qui est difficile à refermer. 

Christophe Fauré, dans son livre Vivre le deuil au jour le jour, parle de quatre phases du deuil :
1.    La phase du choc/de sidération.
2.    La phase de fuite et de recherche.
3.    La phase de déstructuration.
4.    La phase de restructuration.


C’est l’approche que j’aime utiliser. La première phase, celle du choc, est présente dans tous les deuils. Nous ne sommes jamais prêts au « départ » de quelqu’un dans notre vie ni à la fin d’un rôle…

Certaines personnes seront peut-être tentées de dire « Oui, mais justement, tu ne l’as pas connu cet enfant! ». Alors, voyons un peu plus ce qui distingue un deuil normal d’un deuil périnatal. 

La fuite et la recherche

Après la période du choc vient celle de la fuite, celle qui nous fait nous activer plus. Un retour parfois hâtif au travail, ou une hyperactivité. Tout est bon pour « oublier » ou plutôt tenter d’oublier. Mais si vous l’avez expérimenté, vous le savez, rien ne peut nous faire oublier. Vient donc en même temps « la recherche » on cherche tout ce qui nous fait se souvenir de cette personne. On en parle aux autres, à l’entourage, aux amis qui l’ont connue. On regarde des photos, on sent son odeur dans ses vêtements ou chez lui. On se souvient de ses mets préférés, de moments passés ensemble, de comportements que cet être si cher à nos yeux avait, et même 
de sa voix. On peut en parler pendant des heures, des jours, des semaines… À force d’en parler, petit à petit, le processus de deuil se fait. La douleur s’atténue. 

Maintenant, imaginez que cette période de « recherche » arrive dans un deuil périnatal… à quoi peut-on s’accrocher quand l’enfant n’est présent que depuis peu de temps ou que cet enfant n’a même pas vu le jour ? Aucune odeur, aucun souvenir sauf celui de la mort. Pas de photo, sauf celles prises à l’hôpital alors que l’enfant est déjà décédé. Personne à qui en parler puisque personne n’a de souvenirs de lui. Et encore moins de souvenirs quand le deuil arrive plutôt qu’à la naissance… Même le conjoint n’a parfois pas la même expérience si l’enfant est décédé avant terme. Les souvenirs, il y en très peu et parfois pas du tout. Comme ce fût mon cas. 

Donc ce vide qui peut être comblé par les souvenirs lors d’un deuil normal ne peut pratiquement jamais être comblé dans un deuil périnatal. Ce trou reste donc ouvert, parfois toute une vie, comme une plaie (invisible) qui ne guérit jamais. Certaines femmes pourront 
même ressentir des mouvements dans leur ventre pendant très longtemps… en processus conscient du deuil, donc 20 ans plus tard, j’ai ressenti ces mouvements comme si mon enfant y était toujours. Et c’est tout à fait « normal », non je ne suis pas la seule et toi non plus si ça te concerne, sois-en rassuré, tu n'es pas folle...

La déstructuration

Dans la troisième phase du deuil se pointe : la culpabilité. La peine revient avec plus d’intensité parfois, puisque tranquillement l’entourage est passé à autre chose. Nous nous retrouvons seuls avec notre peine. Et c’est là qu’on se dit : « J’aurais-tu pu en faire plus ? », « Je n’ai pas été assez présente », « J’aurais dont dû… », etc. Cette phase est une phase normale et tranquillement on finit par se raisonner et se dire « J’ai fait de mon mieux. » Parfois, il sera nécessaire d’être suivi professionnellement, mais en général cela passe aussi. 

Maintenant, lors d’un deuil périnatal, ces mêmes culpabilités arrivent… en plus des peurs pour la suite quand on a le désir d’avoir des enfants « Et si j’en perdais un autre », et parfois même, la honte de ne pas avoir la capacité à être mère, « Je ne serai jamais mère ». Ce qui peut aussi toucher une partie de l’identité de la femme. « Je ne suis même pas capable de rendre un enfant à terme ». Et à cela s’ajoute, « Est-ce que c’est ma faute s’il est décédé », « Je n’ai pas assez fait attention » … « Je l’ai tué ! ». 

Dans le deuil normal, on peut ressentir de la culpabilité face à la personne, principalement dans notre présence à elle, surtout dans les derniers moments de sa vie. Alors que dans le deuil périnatal il arrive qu’on se sente responsable de cette mort. Et ça, c’est lourd sur les épaules et sur le cœur. Et peu de gens peuvent le comprendre. Non ce n'est pas logique, mais peu de chose sont "logique" dans un deuil si douloureux.

Derrière la perte d’un être cher

Lors du deuil d’une personne, nous ne perdons pas seulement la personne physiquement, nous perdons aussi parfois une relation amoureuse, une relation amicale, une famille, des habitudes, une routine, etc. 

Dans le cas d’un deuil périnatal, nous ne perdons pas seulement un enfant à naître, mais tous les rêves d’avenir imaginés. Le rêve d’être mère, les rêves que nous avions pour cet enfant, le rêve de créer une famille, parfois même la croyance que cela solidifiera un couple, etc. Vouloir un enfant va bien au-delà de le mettre au monde. Il y a toute une histoire qui s’est créée à partir de ce désir d’enfanter. Nous perdons l’ESPOIR d’une vie entière. Et c’est tout cela qui s’écroule en même temps. Et parfois même la destruction d’un couple qui ne tient pas le coup. 

Le soutien de l’entourage

Quand on perd un être cher, l’entourage nous comprend, nous soutient. On nous dira « Je te comprends, ce n’est pas facile de perdre un parent », « Je suis de tout cœur avec toi, perdre un conjoint c’est difficile », etc. Parce que tout le monde peut s’identifier à ces pertes. Même si mes parents sont encore vivants, je sais ce que représente un parent et j’ai vécu des deuils, donc je peux être compatissante parce que je peux imaginer et ressentir la douleur. Et la plupart du temps, les gens sont aussi, en partie, en deuil de cette personne. 

Alors que lors d’un deuil périnatal, trop souvent, ce qu’on entend c’est « T’est encore jeune, tu en auras d’autres », « Tu as d’autres enfants occupe-toi d’eux », « Arrête d’y penser, tu te fais mal pour rien ». Non pas par méchanceté, mais par ignorance… et beaucoup d’impuissance. Peu de gens, heureusement, n’auront à vivre un deuil périnatal, donc peu de gens peuvent réellement comprendre tout ce qui se trame derrière ce passage. Vaudrait mieux souvent ne rien dire et simplement être présent, que de tenter d’atténuer la souffrance des parents en deuil en disant des phrases qui ne font qu’amplifier le malaise. 

Oui, un deuil périnatal est différent des autres deuils et doit être pris en considération. Peu importe le temps de gestation. Le deuil sera d’autant plus grand que les attentes de cette grossesse sont. Donc oui pour certaines mères ou familles même lors d’une fausse couche un processus de deuil peut survenir. Aucun deuil ne devrait être négligé, d’autant plus que 25% des consultations en santé mentale sont dus à un deuil non résolu. 

Si la souffrance du deuil persiste plus que nécessaire, il est important de consulter un professionnel dans lequel vous avez confiance. 

Le papa et la famille 

Lors d’un deuil, on entend souvent, « Mes condoléances à toute la famille ». Tout le monde est touché et impliqué dans ce deuil. 

Lors du deuil périnatal, surtout si l’enfant décède in-utéro, personne ou presque ne se soucie du conjoint et de la famille. On pense, à tort, que le conjoint en souffre moins et que les autres enfants en sont moins affectés. Mais c’est faux. 

Tous les gens de l’entourage de cet enfant à venir ont pu, chacun, se créer une histoire de vie à venir. Je pense aux grands-parents pour qui s’était le premier petit-enfant. Aux frères et sœurs qui avaient hâte de voir ce nouvel enfant et qui ne comprennent pas encore la mort. Le conjoint qui avait ses rêves de réalisation avec cet enfant à venir. Et tous ces gens sont parfois, encore plus que la mère, mis de côté.  
 
Un jour Phil Roy expliquait qu’une personne lui avait dit « Comment vas-tu, Toi ? » Et ça l’avait touché parce que personne ne lui demandait comment lui, il vivait cela. Les gens ne faisaient que lui demander comment la mère se portait. J’en profite donc pour m’excuser publiquement ici, au père de ma fille, parce que moi non plus je n’ai pas tenu compte de sa souffrance. Alors je m’excuse Denis. 

Oui, le deuil périnatal est bien différent des autres deuils. Mais il y a de l’espoir.